23 août 2014

le verger...



de mon voisin...


LE PEINTRE JARDINIER
À tous les peintres,
Vous, les artistes, vous qui pensez faire des tableaux pour la postérité, êtes persuadés que l'état de peintre se situe très au-dessus de celui du jardinier, courbé vers la terre. Vous composez votre modèle. Vous groupez sur un torchon froissé deux ou trois pommes, un pot vernissé ou une bouteille de vin. Puis vous étalez la couleur sur la toile et vous vous efforcez de représenter le sujet avec toute l'efficacité de votre talent. Ensuite vous donnez une dernière couche de vernis. Enfin, vous l'entourez d'un cadre pour le mettre en valeur. Votre "Nature morte" est achevée.
Il n'y a pas de quoi regarder de haut celui qui travaille sur la nature vivante. Votre toile, fixée à jamais, restera ce qu'elle est. Pendant ce temps, les soins attentifs du jardinier feront éclore les fleurs et s'arrondir les fruits. Ses outils ne sont ni la brosse, ni le couteau à palette, mais la bêche, l'arrosoir, le sécateur.
Lui aussi compose un tableau. La différence est que ce tableau n'est jamais figé. Il change au cours de la saison, imperceptiblement de jour en jour, les tiges s'allongent, les feuilles s'élargissent, les racines s'enfoncent. D'instant en instant, il se modifie et le jardin de l'automne n'est plus du tout celui du printemps.
Prenons l'exemple des pommes. Elles passent du bourgeon à la fleur, de la fleur au fruit, du vert au rouge, jusqu'à la cueillette. "C'est exact, me direz-vous, mais ces pommes seront mangées, il n'en restera rien !"
Eh bien, justement ! Le jardinier en acceptant qu'elles ne soient pas éternelles, ajoute à ses qualités de créateur, celles de la modestie et de l'effacement.
Marthe Seguin-Fontes
Extrait de Lettres de mon jardin
Editions du Chêne




LE JARDINIER PHILOSOPHE
à Eugène B.
L'état de jardinier conduit-il à devenir philosophe, ou bien faut-il être philosophe pour embrasser l'état de jardinier ?
En un mot, la sagesse vient-elle à ceux qui bêchent et qui plantent ? C'est bien, me semble-t-il, ce qu'il vous était advenu lorsque je vous rendis visite dans votre jardin de Saint-Paul-de-Vence, au milieu des citronniers et des bigaradiers que vous aviez plantés, de votre carré de kiwis qui étaient encore une rareté.
Comme vous paraissiez heureux et serein au cœur de ce jardin florissant ! Ce que la vie au jardin enseigne, c'est d'abord la patience. Il y a loin, de la graine au fruit ! Savoir attendre est une des vertus de la maturité, lorsque la fougue de la première jeunesse a déversé son flot impétueux.
Attendre vingt et un jours pour croquer les radis, c'est bien peu. Attendre quarante jours après la floraison des cerisiers pour cueillir les cerises, ce n'est pas trop. Mais attendre une année entière avant de savoir si la bouture a pris, si le scion est devenu un solide arbrisseau ! Ne parlons pas de plantes bisannuelles !
En second lieu, le bon jardinier a appris à envisager l'avenir avec optimisme. Espérer, toujours espérer ; des semis plus vigoureux, une plus belle floraison, une meilleure récolte.
Enfin, s'il arrive que cette dernière ne donne pas le fruit escompté, l'expérience lui a donné le courage de maîtriser sa déception, de donner à l'échec des proportions raisonnables, de mettre en équilibre ses craintes et ses espoirs.
Croyez bien que je vous sais ces trois précieuses qualités.
Marthe Seguin-Fontes
Extrait de Lettres de mon jardin
Editions du Chêne





"L'amour, ce n'est pas faire des choses extraordinaires, héroïques;
mais de faire des choses ordinaires avec tendresse."
Jean Vanier

envoyé par Aurélie


Le verger

Simone, allons au verger
Avec un panier d'osier.
Nous dirons à nos pommiers,
En entrant dans le verger :
Voici la saison des pommes.
Allons au verger, Simone,
Allons au verger.

Les pommiers sont plein de guêpes,
Car les pommes sont très mûres :
Il se fait un grand murmure
Autour du vieux doux-aux-vêpes.
Les pommiers sont pleins de pommes,
Allons au verger, Simone,
Allons au verger.

Nous cueillerons le calville,
Le pigeonnet et la reinette,
Et aussi des pommes à cidre
Dont la chair est un peu doucette.
Voici la saison des pommes,
Allons au verger, Simone,
Allons au verger.

Tu auras l'odeur des pommes
Sur ta robe et sur tes mains,
Et tes cheveux seront pleins
Du parfum doux de l'automne.
Les pommiers sont pleins de pommes,
Allons au verger, Simone,
Allons au verger.

Simone, tu seras mon verger
Et mon pommier de doux-aux-vêpes ;
Simone, écarte les guêpes
De ton coeur et de mon verger.
Voici la saison des guêpes,
Allons au verger, Simone,
Allons au verger.
Remy de Gourmont

envoyé par Denise 



envoyé par Tilia




LES POMMES
À Hélène P.

Après avoir récolté mes pommes, je me suis amusée à les dessiner dans leur panier. Ce sont des pommes naturelles, pas toujours bien rondes, ni de grosseur
égale, ni également mûres. Des pommes sincères en somme. Ni des pommes de peintre, ni des pommes de marchands fruitiers qui jouent si bien le jeu des apparences et ne sont là que pour être vues et pour être achetées.
Chez ces dernières, tu vois, l'esthétique a pris le pas sur tout le reste. Leur grosseur exceptionnelle et calibrée, leur forme tellement sphérique qu'elle relève plutôt de la géométrie que de la nature, leur beauté vernie, rouge ou verte, tout est là pour tenter les mille et une Eve des supermarchés.
Mais leur goût, qu'en restera-t-il lorsqu'elles les auront croquées ? Pommes de cellulose, pommes de papier, ersatz de pommes, pommes de vitrine. Je crains,
hélas, que ne se soit réduit à bien peu le nombre de ceux qui ont en mémoire le souvenir des bonnes pommes acidulées-sucrées d'autrefois.
Sans me vanter, il me semble pourtant que celles de mon jardin, toutes chétives qu'elles soient, ont gardé un reste de saveur du paradis perdu.

Marthe Séguin-Fontes


Le cosmos est en fête!
Pommes à la ronde
Comme planètes osant chair....
(plats nets aux enchères)
C'est pas de la tarte!

Claire Fo


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